«Los beneficios de la luna»: Charles Baudelaire; poema y análisis.
Los beneficios de la luna (Les Bienfaits de la lune) es un poema maldito del escritor francés Charles Baudelaire (1821-1867), publicado de manera póstuma en la antología de 1869: Pequeños poemas en prosa (Petits Poèmes en prose).
Los beneficios de la luna, uno de los poemas de Charles Baudelaire más brillantes de aquella colección, desarrolla los pensamientos y sentimientos de un hombre por la mujer que ama, quien a su vez ha sido investida por el beso de la luna, por la palidez de su brillo nocturno, que son emblema de la belleza pero también de la locura. En este sentido, los «lunáticos» son, en esencia, los seguidores de aquel rastro lunar que se deposita sobre algunos elegidos.
En parte, Los beneficios de la luna nos habla del influjo de la nocturnidad: el amor por la noche, las sombras, la oscuridad. Según Charles Baudelaire, todos aquellos que viven bajo ese signo son parte del cortejo de la luna: seguidores que se reconocen mutuamente en el silencio compartido, en delicadas sincronías, en gestos casi imperceptibles al amparo de la noche.
Los beneficios de la luna.
Les Bienfaits de la lune, Charles Baudelaire (1821-1867)
La Luna, que por sí misma es capricho, se asomó por la ventana mientras dormías en la cuna, y dijo: Esa criatura me agrada.
Y bajó quedamente por su escalera de nubes y pasó sin ruido a través de los cristales. Luego se tendió sobre ti con la flexible ternura de una madre, y depositó en tu faz sus colores. Tus pupilas se tornaron verdes y las mejillas sumamente pálidas. Frente a esa visita tus ojos se agrandaron excesivamente, y tan tiernamente te apretó la garganta que te dejó para siempre el deseo de llorar.
Entretanto, en la expansión de su alegría, la Luna llenaba todo el cuarto como una atmósfera fosfórica, como un veneno luminoso; y toda aquella luz viva estaba pensando y diciendo:
»Eternamente has de sentir el influjo de mi beso. Hermosa serás a mi manera. Querrás lo que yo quiera y lo que a mí me quiera: al agua, a las nubes, al silencio y a la noche; al mar inmenso y verde; al agua informe y multiforme; al lugar en donde no estés; al amante que no conozcas; a las flores monstruosas; a los perfumes que hacen delirar; a los gatos que se desmayan sobre los pianos y gimen con voz ronca y suave.
»Y serás amada por mis amantes, cortejada por mis cortesanos. Serás reina de los hombres de ojos verdes a quienes apreté la garganta con mis caricias nocturnas; de los que quieren al mar, al mar inmenso, tumultuoso y verde; al agua informe y multiforme, al sitio en donde no están, a la mujer que no conocen, a las flores siniestras que parecen incensarios de una religión desconocida, a los perfumes que turban la voluntad y a los animales salvajes y voluptuosos que son emblema de su locura.
Y por esto, niña mimada, maldita y querida, estoy ahora tendido a tus pies, buscando en tu ser el reflejo de la terrible divinidad, de la fatídica madrina, de la nodriza envenenadora de todos los lunáticos.
La Lune, qui est le caprice même, regarda par la fenêtre pendant que tu dormais dans ton berceau, et se dit: «Cette enfant me plaît.»
Et elle descendit moelleusement son escalier de nuages et passa sans bruit à travers les vitres. Puis elle s’étendit sur toi avec la tendresse souple d’une mère, et elle déposa ses couleurs sur ta face. Tes prunelles en sont restées vertes, et tes joues extraordinairement pâles. C’est en contemplant cette visiteuse que tes yeux se sont si bizarrement agrandis; et elle t’a si tendrement serrée à la gorge que tu en as gardé pour toujours l’envie de pleurer.
Cependant, dans l’expansion de sa joie, la Lune remplissait toute la chambre comme une atmosphère phosphorique, comme un poison lumineux ; et toute cette lumière vivante pensait et disait: «Tu subiras éternellement l’influence de mon baiser. Tu seras belle à ma manière. Tu aimeras ce que j’aime et ce qui m’aime : l’eau, les nuages, le silence et la nuit; la mer immense et verte; l’eau uniforme et multiforme; le lieu où tu ne seras pas ; l’amant que tu ne connaîtras pas; les fleurs monstrueuses; les parfums qui font délirer; les chats qui se pâment sur les pianos et qui gémissent comme les femmes, d’une voix rauque et douce!
«Et tu seras aimée de mes amants, courtisée par mes courtisans. Tu seras la reine des hommes aux yeux verts dont j’ai serré aussi la gorge dans mes caresses nocturnes; de ceux-là qui aiment la mer, la mer immense, tumultueuse et verte, l’eau informe et multiforme, le lieu où ils ne sont pas, la femme qu’ils ne connaissent pas, les fleurs sinistres qui ressemblent aux encensoirs d’une religion inconnue, les parfums qui troublent la volonté, et les animaux sauvages et voluptueux qui sont les emblèmes de leur folie.»
Et c’est pour cela, maudite chère enfant gâtée, que je suis maintenant couché à tes pieds, cherchant dans toute ta personne le reflet de la redoutable Divinité, de la fatidique marraine, de la nourrice empoisonneuse de tous les lunatiques.
Charles Baudelaire (1821-1867)
Et elle descendit moelleusement son escalier de nuages et passa sans bruit à travers les vitres. Puis elle s’étendit sur toi avec la tendresse souple d’une mère, et elle déposa ses couleurs sur ta face. Tes prunelles en sont restées vertes, et tes joues extraordinairement pâles. C’est en contemplant cette visiteuse que tes yeux se sont si bizarrement agrandis; et elle t’a si tendrement serrée à la gorge que tu en as gardé pour toujours l’envie de pleurer.
Cependant, dans l’expansion de sa joie, la Lune remplissait toute la chambre comme une atmosphère phosphorique, comme un poison lumineux ; et toute cette lumière vivante pensait et disait: «Tu subiras éternellement l’influence de mon baiser. Tu seras belle à ma manière. Tu aimeras ce que j’aime et ce qui m’aime : l’eau, les nuages, le silence et la nuit; la mer immense et verte; l’eau uniforme et multiforme; le lieu où tu ne seras pas ; l’amant que tu ne connaîtras pas; les fleurs monstrueuses; les parfums qui font délirer; les chats qui se pâment sur les pianos et qui gémissent comme les femmes, d’une voix rauque et douce!
«Et tu seras aimée de mes amants, courtisée par mes courtisans. Tu seras la reine des hommes aux yeux verts dont j’ai serré aussi la gorge dans mes caresses nocturnes; de ceux-là qui aiment la mer, la mer immense, tumultueuse et verte, l’eau informe et multiforme, le lieu où ils ne sont pas, la femme qu’ils ne connaissent pas, les fleurs sinistres qui ressemblent aux encensoirs d’une religion inconnue, les parfums qui troublent la volonté, et les animaux sauvages et voluptueux qui sont les emblèmes de leur folie.»
Et c’est pour cela, maudite chère enfant gâtée, que je suis maintenant couché à tes pieds, cherchant dans toute ta personne le reflet de la redoutable Divinité, de la fatidique marraine, de la nourrice empoisonneuse de tous les lunatiques.
Charles Baudelaire (1821-1867)
Poemas góticos. I Poemas de Charles Baudelaire.
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El análisis y resumen del poema de Charles Baudelaire: Los beneficios de la luna (Les Bienfaits de la lune), fueron realizados por El Espejo Gótico. Para su reproducción escríbenos a elespejogotico@gmail.com
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